Ce « lait » n’a de lait que le nom, et d’ailleurs cette appellation est interdite depuis plusieurs années par le conseil de l’Union Européenne. Cette boisson est donc un jus végétal, dont la composition varie selon la céréale ou l’oléagineux dont il provient.
Le lait, quant à lui, est une boisson provenant exclusivement des animaux, avec sa propre composition nutritionnelle, qui varie selon l’animal. Ici, nous prendrons le lait de vache, le plus consommé. Composé en grande partie d’eau (90%), il contient 3% de protéines, 0 à 3% de lipides (matières grasses) selon l’écrémage ainsi que 5% de lactose (sucre du lait) et des minéraux dont le calcium et la vitamine D.
Les jus végétaux peuvent être consommés dans le cadre d’une alimentation végé*arienne, d’intolérance au lactose et d’allergies aux protéines de lait de vache. Bref, chacun a ses raisons, mais il est important de bien se renseigner sur ce que nous consommons et de demander conseil à des professionnels.
Je vais prendre ici l’exemple de jus d’avoine (céréale), d’amande (oléagineuse) et de soja (légumineuse). Bon à savoir : les laits végétaux contiennent environ 95% d’eau.
Avoine : 0,5% de protéines, 7% de glucides dont 4 de sucres raffinés et 1,5% de lipides
Amande : 0,6% de protéines, 4,5% de glucides dont 4 de sucres raffinés et 3,5% de lipides
Soja : 3% de protéines, 7% de glucides dont 4 de sucres raffinés et 1,5% de lipides.
Ces boissons existent en version aromatisée, où du sucre raffiné a donc été rajouté. Il existe aussi des versions sans sucre, à privilégier par ailleurs (source : Bjorg.fr).
Comme vous pouvez le voir, les taux de protéines varient et sont, hormis pour le soja, assez éloignés du dosage du lait. Les taux de glucides sont aussi plus importants. Quant aux lipides, c’est variable.
Certaines boissons sont supplémentées en calcium mais il n’est pas absorbé comme celui du lait animal, la vitamine D participant normalement à son absorption n’étant pas présente dans les jus végétaux. Se pose aussi la question des fibres, nous allons voir le procédé de fabrication industrielle pour mieux comprendre.
Les céréales et oléagineuses sont broyées à sec, ce produit est ensuite dispersé dans l’eau. Les fibres sont donc broyées et peu utilisables pour l’organisme. Des agents de texturisation et de stabilisation sont ensuite ajoutés. Le mélange est chauffé pour favoriser la solubilisation des composés nutritifs. Un nouveau broyage est produit pour diminuer la granulométrie et donc avoir une boisson agréable en bouche. Il peut y avoir également des ajouts de micronutriments, puis le jus est stérilisé. D'ailleurs, au vu de ces multiples transformations, les jus végétaux peuvent être vus comme des aliments ultra-transformés.
Ces chauffages altèrent les composés nutritifs et altèrent surtout les fibres déjà broyées par deux fois.
Il y a donc des fibres, comme indiqué sur l’étiquetage nutritionnel, mais elles sont peu utilisables, alors que c’est un des grands atouts des céréales et oléagineux (réabsorption des graisses, production accrue de molécules bénéfiques pour le microbiote intestinal …)
Par ailleurs, le soja contient de fortes quantités de phytoestrogènes ce qui fait de lui un potentiel perturbateur endocrinien. Certaines études montreraient qu’une consommation élevée de soja est corrélée avec une incidence élevée de cancer du sein.
Nous pouvons donc conclure que les jus végétaux peuvent être une alternative aux laits d’origine animales, pour les adultes, mais qu’il est aussi important de consommer des céréales et oléagineux sous leurs formes brutes pour bénéficier de leurs bienfaits et nutriments dans les meilleures conditions. Il est important de consulter des diététiciens nutritionnistes pour être bien informés et bien orientés pour ses choix alimentaires.
Dans tous les cas, il est important de savoir que ces « laits » végétaux ne remplacent en rien le lait maternel ou les laits infantiles. Les risques de dénutrition sont très présents. De nombreux cas d’enfants dénutris ont étés vus ces dernières années. Beaucoup de végé*ariennes choisissent de nourrir leur bébé au sein, et cette pratique devrait être encouragée et soutenue. Par ailleurs l’OMS recommande un allaitement maternel exclusif jusqu’à 6 mois ou à défaut un allaitement avec des laits infantiles, selon le choix des mamans.
Si votre enfant ne supporte pas les laits infantiles classiques, il est important d’en parler avec votre médecin pour faire des examens supplémentaires et ainsi opter pour la meilleure solution. Il est important de ne pas faire ces changements sans accompagnement.
Pour les enfants plus âgés, il est aussi important de consulter un professionnel de la nutrition avant d’entamer les changements de son régime alimentaire, cela pourrait nuire à sa croissance staturo-pondérale.
Anne-Laure Laratte
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